Cette enquête a été menée à la mi-mars 2021 pour estimer la perte d’exploitation en 2020, du fait des fermetures administratives et des conséquences de la crise sanitaire. Ces données pourront permettre à tous les acteurs de la chaîne du livre et aux partenaires publics de mieux apprécier la situation des maisons d'édition indépendantes et, le cas échéant, d'étudier les modalités d’un soutien adapté.
L’agence a soumis ce questionnaire à 69 maisons d’édition du territoire à la mi-mars 2021, le taux de réponse est de 39%. Les répondants ont été répartis en catégories de chiffre d’affaires (année de référence : 2019) :
- Groupe 1 : C.A. < à 100 K€ → 29,6 % du panel
- Groupe 2 : C.A. entre 100 K€ et 300 K€ → 33,4 % du panel
- Groupe 3 : C.A. entre 300 K€ et 1 M€→ 29,6 % du panel
- Groupe 4 : C.A. > 1 M€ → 7,4 % du panel. Le faible volume des structures de ce groupe n’a pas permis de dégager des résultats probants, certaines données ont néanmoins été analysées et citées à des fins d’illustration.
Typologie des maisons
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Diffusion/distribution
- 85 % des maisons sont diffusées/distribuées
- 11 % assurent en direct leur diffusion/distribution
- 1 acteur est diffusé et assure sa distribution
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C.A. réalisé en librairie**
Les réponses, traitées par David Demartis (DSG conseil), ont permis d'évaluer, par catégorie d’éditeurs et sur l’exercice 2020, la perte de chiffre d’affaires enregistrée (par rapport à 2018 et 2019), la saisonnalité des ventes et l’effet des fermetures administratives des librairies (méventes et retours), la part des charges rapportée à l'activité de l’année, les recours aux aides et les montants nécessaires pour retrouver un équilibre économique.
Les retours des 27 maisons d’édition permettent de dégager les résultats suivants :
C.A. 2020
Pour déterminer la perte de C.A. en 2020, et afin d’éviter la prise en compte de changements conjoncturels trop affirmés en 2019, l’année de référence, nécessaire à l’analyse, est la médiane des exercices 2018 et 2019. Ce qui permet d’être au plus près de la réelle activité des maisons d’édition. (Groupe 4 : seules les données d’1 maison d’édition sont ici exploitées.)
Détérioration du C.A.
Pour déterminer cette dégradation, le rapport entre le C.A. 2020 et la moyenne des C.A. 2018 et 2019 a été établi : ce résultat représente la hauteur atteinte par le C.A. 2020 par rapport aux C.A. 2018-2019. (C.A. croissant : certaines maisons ont enregistré un C.A. 2020 > au C.A. 2019 pour des raisons conjoncturelles, notamment liées aux volumes et aux rythmes de production.)
Saisonnalité des ventes sur l’année 2020
L’activité sur l’année 2020 laisse apparaître des « incohérences » quant à la saisonnalité habituelle. L’analyse du cadencement des ventes 2020 montre les retours ou non-achats pratiqués par les points de vente sur le catalogue des éditeurs.
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Groupe 1 → avril et juillet 2020. Retours massifs des points de vente pour remobiliser de la trésorerie et préparer la rentrée d’automne : la période septembre à octobre restant la période la plus importante en volume de ventes.
Attention : il faut conserver à l’esprit le recul médian de C.A. de 34,1 %. -
Groupe 2 → avril, juillet, octobre et novembre 2020. Retours massifs des points de vente pour remobiliser de la trésorerie et préparer la rentrée d’automne sans les catalogues de cette catégorie d’éditeurs.
Attention, il faut conserver à l’esprit le recul médian de C.A. de 30,3 %. -
Groupe 3 → février, avril, mai, juin et recul significatif en septembre et décembre. Retours massifs des points de vente pour remobiliser de la trésorerie et préparer la rentrée d’automne et la période des fêtes sans les catalogues de cette catégorie d’éditeurs.
Attention, il faut conserver à l’esprit le recul médian de C.A. de 45,4 %.
Les groupes 2 et 3 ont été fortement touchés par la politique de retours et d’achats des points de vente, elle-même bousculée par les contraintes liées aux périodes de fermeture et à l’inquiétude face aux conséquences économiques de la crise sanitaire.
Charges et C.A.
Le questionnaire a permis d'évaluer la part des charges des éditeurs : loyer et charges locatives, autres achats et charges externes (achats et prestations facturés par des entreprises tiers), impôts et taxes, frais financiers et frais de personnel, du dernier exercice clos.
Ces charges, rapportées au CA de 2020, permettent d’illustrer les dépassements de seuil de rentabilité causés par la chute de l’activité en 2020.
Aides publiques aux maisons d’édition
Nombre d’éditeurs aidés, par mois et par catégorie.
Équilibre économique
Calcul du besoin financier nécessaire au rétablissement de l’équilibre économique, sur une année d’exploitation, soit ce qui permettra d’atteindre le seuil de rentabilité.
Besoin financier pondéré par le résultat net médian 2018-2019
Le volume de charges de l’année 2020 a été réduit du volume de charges non absorbé des années antérieures, ceci afin de mettre en évidence le manque issu de l’année 2020, en écartant les problèmes d’exploitation ou les difficultés structurelles des années précédentes. Ce volume a ensuite été pondéré par la médiane des résultats nets dégagés sur les exercices 2018 et 2019 afin d’atteindre le seuil de rentabilité.
Besoin financier pondéré par le volume de charges
Le volume médian de charges de l’année 2020, mis en rapport avec l’augmentation de ce volume par rapport aux années précédentes, met en exergue, par un volume exprimé en pourcentage, l’augmentation de charges au-delà du C.A. 2020 qu’il faut résorber.
Pondération entre les diverses approches
Pour mémoire, les données ci-dessous sont déterminées sans les informations suivantes : trésorerie initiale, volume global des subventions publiques, réels encours de production.
Nous avons eu 27 réponses au questionnaire. Rapportées aux 69 maisons d’édition interrogées, cela donne par projection les résultats suivants : (Groupe 4 : données non exploitables en projection.)
Au total, le besoin à couvrir est estimé à hauteur de 3 778 599 € pour les pertes d’exploitation enregistrées par les éditeurs d’Auvergne-Rhône-Alpes des groupes 1, 2 et 3 sur l’exercice 2020, à la condition que l'activité reprenne normalement sur l’ensemble de l’exercice 2021.
Pourtant, ce dernier ne se présente pas sous les meilleurs auspices, les éditeurs ayant enregistré des retours importants dès janvier, ce qui paraît inhabituel. Ceux-ci se sont poursuivis durant février et mars, avec, dans le même temps, des mises en place au plus bas sur les nouveautés du 1er trimestre, résultat des incertitudes de ces premiers mois de l’année, avec un nouveau confinement en avril. Il est donc à craindre une situation encore aggravée en 2021.
Visuel : (c) Elias Ruiz Monserrat on Visualhunt