Autour des auteurs

C’est la « rentrée littéraire », l’automne des livres, des romans, des récits, on les voit, on en parle, des auteurs aussi, des auteurs surtout, on les invite, on veut les voir, on veut savoir, on les interroge, ils répondent, dans les librairies, les salons du livre, les bibliothèques, les médias, les écoles parfois, ils sont d’ores et déjà en tournée, en ville, en montagne, au bord de la mer. C’est aussi bientôt la saison des prix, le moment où on laisse imaginer au public que les micros, la télé, les bousculades, les soirées, les bandeaux rouges de promesses, les centaines de milliers d’exemplaires et d’euros, c’est ça, c’est bien ça, la vie d’écrivain.

Ici même, à travers « notre » rentrée, nous profitons du courant et nous battons annuellement le rappel des professionnels du livre, afin que le plus grand nombre d’entre eux soit attentif à ce qui s’écrit, à ceux qui écrivent, les plus et les moins discrets, les plus et les moins aventureux, les plus ou moins d’exemplaires… Une façon de se retrouver chaque année « autour des auteurs ». C’est l’expression qui convient, dans une période qui voit leur situation se précariser, dans un agenda socio-politico-administratif qui les contraint à se réunir, à se mobiliser, à faire du bruit, à s’opposer.

Après les états généraux du livre du mois de mai et les actions entreprises par les auteurs de tous les champs de la création, les consultations se sont poursuivies tout l’été sur la compensation de la hausse de la CSG, les modalités de recouvrement des URSSAF, les nouvelles missions de l’AGESSA et de la Maison des artistes, le prélèvement de l’impôt à la source, et, plus largement, la réforme du statut des artistes auteurs.

Aujourd’hui, alors que les auteurs de littérature, de jeunesse ou de bande dessinée ont de plus en plus de mal à vivre de leur travail, il est du devoir des professionnels du livre – éditeurs, libraires, bibliothécaires, organisateurs de manifestations littéraires et médiateurs – de s’intéresser à leur condition, de mieux connaître leur situation économique et sociale, de s’interroger sur leurs propres pratiques de rémunération, et de contribuer, à leur niveau, à une réflexion sur la répartition de la valeur dans la chaîne économique du livre.

Une autre façon de continuer à lire des livres et de se retrouver autour des auteurs.

Laurent Bonzon
Directeur
Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture