Des grands noms de la littérature
Charles-Louis Philippe, Valery Larbaud, Roger Caillois, sont autant de noms qui résonnent à Vichy et dans l’histoire des belles-lettres. S’ils ont parfois pu être oubliés du grand public, ils n’en demeurent pas moins des virtuoses, et il convient de rappeler, à grands traits, qui ils étaient.
Charles-Louis Philippe fut un écrivain prodige, issu d’un milieu modeste, voire très pauvre, dont l’histoire personnelle nourrit les motifs de ses ouvrages. Valery Larbaud, quant à lui, fut le riche héritier des sources Saint-Yorre. Élevé par sa mère et par sa tante, il parcourut l’Europe dès son plus jeune âge. Ses écrits ont gardé l’empreinte universelle de ses voyages. Roger Caillois, enfin, eut un parcours universitaire brillant – Louis-le-Grand, École normale supérieure, École pratique des hautes études – puis devint sociologue, écrivain, et siégea à la fin de sa carrière à l’Académie française.
Ces trois personnalités si singulières ont désormais en commun de voir tout ou partie de leur bibliothèque conservée par la Ville de Vichy.
Des fonds riches et vastes
Depuis bien des années, les murs de la médiathèque Valery Larbaud abritent les fonds de ces auteurs : manuscrits d’oeuvres, correspondance, archives personnelles en tout genre, ouvrages imprimés, articles de presse, et plus encore. Les documents issus de la bibliothèque de Valery Larbaud sont d’ailleurs conservés dans les meubles ayant appartenu à l’écrivain, dans un musée qui jouxte la salle patrimoine.Les feuillets de notes, de recherches, les manuscrits raturés, parfois même arrachés, puis réécrits, une première fois, une deuxième, une autre encore, témoignent des processus de pensée et d’écriture de ces grands noms de la littérature française. Chaque document s’éclaire à la lumière de l’autre, et certaines oeuvres restées inédites peuvent être appréciées dans leur première et unique expression par le bien heureux lecteur qui y aurait accès.
On trouve également de nombreuses lettres ou autres cartes postales échangées avec les grands noms du XXe siècle : André Gide, Marcel Ray, Marguerite Audoux, Albert Camus, s’il fallait ne citer qu’eux. On compte des milliers d’envois d’auteurs, de critiques littéraires, d’artistes, d’éditeurs, et presque autant d’amis.
Les nouvelles de Philippe, les journaux de Larbaud, les essais de Caillois témoignent de la diversité et de la richesse des différents fonds littéraires de la Ville de Vichy. De leur beauté aussi ; car c’est bien de « beauté » dont il s’agit ici, et ce même lorsque Philippe « presse avec ses doigts les mauvaises blessures, […] exprime le sang des vices » (Charles-Louis Philippe, « L’éducation hypnotique », Faits divers, in Chroniques du canard sauvage, Paris, Éditions de la NRF, 1923, p. 199.).
Les inventaires (re)publiés
La médiathèque Valery Larbaud permet que continuent à rayonner la mémoire et les oeuvres de ces hommes, tout à la fois poètes, romanciers, essayistes, traducteurs. Les nouveaux inventaires, revus, corrigés et augmentés, fruits de plusieurs mois de travail, sont désormais accessibles en ligne dans le Catalogue collectif de France. Alors n’attendez plus pour découvrir les richesses des fonds littéraires de la Ville de Vichy.
Et si vous n’aviez pas la possibilité de vous rendre dans la ville thermale, vous pourriez déjà plonger dans les vies et les textes de ces hommes qui – c’est certain – trouveront écho en vous. C’est là toute la force des grands auteurs et des grandes oeuvres : elles s’actualisent à travers les époques.
« De quelque côté que nous contemplions l'horizon, nous les pauvres aux yeux fixes, les riches se dressent entre l'horizon et nous avec des châteaux et des murailles, avec des règlements et des chiens qui les défendent. Nous marchons et nous voulons respirer, au milieu du monde, l'air des eaux et des forêts, nous marchons et nous sommes des gueux pleins de courage. Nous sommes allés bien loin et nous avons vu les riches assis dans leurs parcs et riant comme si le Bonheur recouvrait le monde. Nous aurions voulu posséder un enclos avec un champ pour y gagner notre pain. Les enclos sont gardés par les gardes des riches. Il y a tant de plaisirs sur la Terre, depuis le travail jusqu'au repos, et tant d'espace pour les goûter que nous étions bien sûrs de rire en route et de nous arrêter un soir, sous les chênes, avec une besace pleine et des cœurs pleins. Il n'y a plus de plaisir, il n'y a plus d'espace, les châteaux s'étendent et entourent tous les chênes de la forêt profonde. »
Carte du signalement
À chaque article, la carte sera mise à jour avec le blason de la ville visitée.
Le saviez-vous ? #CBS2 Le palimpseste
Historiquement le palimpseste est un manuscrit sur parchemin d'auteurs anciens que les copistes du Moyen Âge ont effacé pour le recouvrir d'un second texte ; par extension il s‘agit d’une oeuvre dont l'état présent peut laisser supposer et apparaître des traces de versions antérieures.
Source : https://www.cnrtl.fr/definition/palimpseste
Si les palimpsestes laissent parfois entrevoir les traces du passé, les nombreuses reprises, ratures et autres annotations de nos trois écrivains sont les témoignages émouvants des différents états de leurs oeuvres.
Crédits iconographiques
Blason de la ville de Vichy (03). L'armorial des villes et des villages de France.
[Portrait de Charles-Louis Philippe - frontispice] d’après Charles Guérin, dans : Émile Guillaumin, Charles-Louis Philippe, mon ami, Paris : Bernard Grasset, 1942. Via Wikimedia commons.
Médiathèque Valery Larbaud, fonds Valery Larbaud. Valery Larbaud à Alicante, 1917, VL photo 434.
UNESCO / Dominique Roger, CC BY-SA 3.0 IGO https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/igo/deed.en, via Wikimedia Commons.
Musée Valery Larbaud. Médiathèque Valery Larbaud / Jérôme Mondière.
Médiathèque Valery Larbaud, fonds Valery Larbaud. Amour et monarchie, S.E. Ms. 12.