Jeannette Colombel (1919-2016) a été une figure marquante de la vie intellectuelle lyonnaise. Installée à Lyon au lendemain de la guerre, elle y a incarné l’engagement politique (aux côtés du PCF jusqu’en 1968), une générosité combattante, un désir quotidien de changer la vie. Agrégée de philosophie, longtemps professeure de khâgne, elle a accompagné trois des aventures intellectuelles majeures de ce temps : Sartre, sur lequel elle a écrit plusieurs livres (Sartre ou le parti de vivre (1981), Jean-Paul Sartre, un homme en situation (2000)… ; elle a été aussi une collaboratrice des Temps Modernes), Foucault (Michel Foucault, la clarté de la mort, 1994), Deleuze. Mais cette intellectuelle militante a été aussi une romancière, oscillant entre fiction et autobiographie (Brumes de mémoire, 1980 ; Les Amants de l’ombre, prix Rhône-Alpes 1990 ; La Nostalgie de l’espérance, 1997). Elle y a restitué, avec une belle allégresse de rythme et de libertarisme, ses combats de femme et de mère, ses luttes politiques, sa présence dans la Résistance auprès de son futur mari, Jean Colombel, chef de maquis en 1944. Mais elle a su en même temps dire avec une grande délicatesse le bonheur, l’amour, l’enfance, la contemplation de la mer et du soleil. Son dernier ouvrage, Silencieuse ritournelle en Corse (2006) dit de façon émouvante ce qu’ont pu lui apporter les paysages corses, ses habitants et leurs luttes.
Claude Burgelin