Le projet
"Familières Barricades" raconte les tabous et silences d’une famille divorcée, divisée, dont chaque partie a effacé le souvenir de l’autre. L’origine de ce travail est un appel à témoignages des éditions des Femmes en vue de la publication d’un ouvrage collectif sur la lesboparentalité. Cet appel à textes m’invitait à raconter l’histoire de la division et des recompositions de ma famille. Ma première certitude était de ne pas imposer, à travers un discours réflexif ou argumentaire, un avis figé sur les questions de la famille et du divorce. Il s’agissait plutôt pour moi d'offrir au·à la lecteur·ice la possibilité de connaître intimement la complexité des familles recomposées, afin qu'il puisse repenser sous un nouveau jour sa définition de la parentalité.
Pour cela, j’ai mené un travail d'excavation et de retranscription de mes souvenirs des discussions marquantes de mon enfance tendue entre deux familles radicalement distinctes et, à travers elles, deux perspectives opposées sur le monde. Souvenirs de discussions, échanges de mails ou de SMS, descriptions de souvenirs de lieux et d’événements, extraits d’écrits de jeunesse inspirés par la dissolution de mes familles… l’hybridité des matériaux qui s'agencent dans "Familières Barricades" en font un texte à la fois narratif, documentaire, poétique et théâtral.
L'accompagnement
L'étudiante bénéficie de l'aide et des conseils de Fabienne Swiatly, écrivaine et poète, durant 6 séances de travail, axées sur le perfectionnement à l’écriture et le développement de la potentialité de documentaire de création du texte. Un rendez-vous avec le chargé de mission Vie Littéraire est aussi prévu pour travailler à la maîtrise des bases de la diffusion et distribution en librairie.
Les étapes
- Automne 2020-été 2021 : séances de travail avec Fabienne Swiatly
- Printemps 2021 : rencontre avec le chargé de mission Vie littéraire de l'agence
- Été 2021 : événement festif pour valoriser les projets soutenus
Les premiers retours
Mot de Juliette Muller
Les séances de travail avec Fabienne sont très enrichissantes, je sens que je progresse beaucoup plus vite que je ne m’en croyais capable et que mon travail d’écriture devient plus précis et mieux maîtrisé au fur et à mesure de nos rencontres.
J’ai redéfini plus précisément mon désir d’écriture, puis j’ai expérimentés des dispositifs techniques et des structures textuelles jusqu’à choisir ceux qui s’accordaient le mieux à la redéfinition de mon projet. Le texte premier, envoyé l’an dernier au dispositif Étudiants tous artistes, est maintenant une cartographie, un ensemble de repères à partir desquels je réécris des textes fragmentaires que j’agence ensuite selon une structure nouvelle, plus proche de mon objectif : témoigner d’un tabou familial et faire ressentir les sensations, émotions et corporéités créées par ce tabou.
À chaque séance, Fabienne me donne des retours sur des textes que je lui envoie en amont. Ces retours me permettent de retravailler ensuite mes propositions, et ce travail de réécriture successives m’a permis à la fois de repenser mon projet et de progresser en technique d’écriture.
Après les retours, Fabienne me propose un ou plusieurs exercices techniques, grâce auxquels j’avance dans mon projet et je progresse en écriture.
Je me souviens particulièrement d’un exercice auto-réflexif qui consistait à écrire de courts textes, commençant par : pour moi écrire c’est…. quand je n’écris pas, je… dans mes textes, j’aime… dans mes textes, je n’aime pas… Ça avait été l’occasion de prendre du recul sur ma pratique de l’écriture, et de remodeler mon quotidien pour consacrer plus de temps à mon projet.
En fin de séance, Fabienne me donne quelques exercices pour la séance qui suivent, puis elle me propose d’emporter des livres dont les thèmes et les structures sont plus ou moins proches de mon travail : des textes fragmentaires, relevant du documentaire de création et du récit autobiographique. La lecture de ces livres a joué un rôle très important dans ma progression.
La rencontre avec Fabienne m’a aussi convaincue que l’écriture est un avenir professionnel possible. Cet avenir, que je désirais et désire beaucoup, me semble aujourd’hui plus concret et réalisable qu’auparavant.
Mot de Fabienne Swiatly
Les photos ont été prises dans ma cuisine. Pour travailler, il était plus simple de nous retrouver chez moi où j'ai mes livres à portée de main.
D'habitude nous installions dans le salon, mais à ce moment de la journée, le soleil donnait dans la cuisine et nous avons eu envie de profiter de la lumière.
Les photos ont été prises fin février pendant l'avant-dernière séance de travail, temps consacré à une relecture précise du texte en cours. Un dernier rendez-vous est prévu en juin.
Nous avons été, je crois, un tandem efficace.
Il y a eu de l'écriture, de la lecture, des échanges sur la littérature, des prêts de bouquin. Et j'ai vu le texte progresser, se préciser, s'étoffer. Rétrospectivement je peux me permettre un ouf ! de soulagement. Il n'est pas évident d'accompagner l'écrit d'une autre autrice. Je ne devais pas projeter mon propre fantasme d'écrivaine sur son texte. Mon rôle était de lui offrir une chambre d'écho (au fait, j'écris sur quoi ? ) d'ouvrir des pistes de réécriture et lui permettre aussi de nommer ses ambitions et ses craintes.
Bref, il faut bosser.
A Juliette, j'ai souvent répété que mes retours, mes critiques n'étaient pas la vérité et qu'il lui fallait faire avec ou contre ce que je lui disais. Évaluer l'origine d'une faiblesse ou d'une facilité.
Apprendre à faire le deuil de certains passages qui nuisent à la cohérence du texte.
Devenir le propre lecteur critique de ses écrits.
C'est en tout cas, une expérience professionnelle très intéressante et très enrichissante.
Étudiants, tous artistes !
Dispositif d'accompagnement à la création artistique de l'Université de Lyon :
- Objectifs du dispositif : encourager et soutenir la professionnalisation des pratiques artistiques des étudiants et jeunes diplômés, et faciliter l’accès aux ressources des lieux et acteurs culturels de création et de diffusion.
- Pour tous les étudiants de l’Université de Lyon en cours de scolarité ou diplômés depuis moins d’un an. Candidatures sélectionnées suite à un appel à projets artistiques